Les origines de la pleine conscience
Les pratiques de pleine conscience, nommées également mindfulness ou méditation, sont des pratiques connues depuis des millénaires. Si la plupart des grandes religions et traditions spirituelles utilisent depuis longtemps différentes formes de méditations, c'est dans la tradition bouddhiste que cette pratique a trouvé la plus grande place, comme moyen pouvant mener jusqu'à l'éveil et la libération de toute souffrance. Ce n'est que depuis quelques années que les vertues psychothérapeutiques de ces pratiques ont été redécouvertes par la psychologie moderne et notamment dans les thérapies cognitives et comportementales dites de « 3e vague » avec l’intégration de la mindfulness dans diverses approches telles que la MBSR (Méditation Based Stress Réduction) et la MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy for Depression) développée par le professeur Jon Kabat-Zinn depuis les années 70. Ces approches développées autour de la pleine conscience, ont prouvé leur efficacité sur le stress et la dépression, avec une efficacité équivalente avec celles des antidépresseurs dans la prévention des rechutes. Ces approches sont aujourd'hui courament utilisées dans de nombreux hôpitaux à travers le monde. De nombreux psychothérapeutes, psychologues et psychiatres utilisent aujourd'hui la pleine conscience dans le traitement du stress et de l’anxiété, avec la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT - Acceptance and commitment therapy).
Les recherches sur les vertus et le fonctionnement de la pleine conscience se multiplient depuis plusieurs années et il est désormais prouvé que la pratique régulière renforce l'immunité (Diminution des infections, augmentation des taux d'anticorps), diminue l'inflammation (par la régulation du corticol, l'hormone du stress), diminue le risque d'accident cardiovasculaire (accidents vasculaires cérébraux, infarctus,...) et diminue la consommation d'antalgiques chez les patients douloureux chroniques.
Neurologiquement, la pratique régulière de la pleine conscience provoque une inhibition de l'activité de l'amygdale, un organe responsable des réactions de stress, anxiété, colère et des comportements automatiques répondant à ces émotions. Elle provoque également une activation du cortex préfrontal, une zone associée à l'intelligence, la créativité, les comportements éthiques, la joie et la bienveillance. Par cette modification profonde et durable du fonctionnement cérébral, il semble que les pratiquants réguliers développent un "antidote" contre la dépression ou le stress post-traumatique et acquièrent une capacité à gérer sainement leurs émotions qui fait défaut dans la majorité des troubles psychologiques.
La pratique
La pratique de la pleine conscience consiste à focaliser son attention sur un objet qui peut être extérieur (image, bougie, arbre…) ou intérieur (respiration, organes des sens, douleur, émotion, pensée…).
Contrairement aux idées reçues, l'objectif n'est pas de supprimer toute pensée, mais plutôt d'orienter son attention sur un objet et de rester pleinement présent à la sensation, sans jugement, sans attachement ni rejet, sans se laisser entrainer dans une prolifération de pensées et d’états émotionnels en lien avec le passé ou l’avenir. Le pratiquant reste neutre, silencieux et examine l'apparition et la disparition de tous les phénomènes présents, agréables, neutres ou désagréables, sans chercher à retenir les sensations agréables ni à rejeter celles désagréables.
Avec une pratique régulière, cet exercice permet de développer le calme, l'attention, la concentration, d’unifier les parties antagonistes de l'esprit et de se détacher des expériences douloureuses et insatisfaisantes en prenant conscience de leur caractère impermanent, transitoire et conditionné. La paix et l’espace intérieur ainsi créés permettent le développement de qualités antidotes à la souffrance, telles que la positivité, l’énergie, la créativité, la bienveillance pour soi-même et les autres, la compassion, la réjouissance et l’équanimité.